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بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Les Tafsir de l'Imam Ahmad ibn 'Ajiba 
(quddisa sirruh)


« Allah est la Lumière des cieux et de la terre. Un exemple de Sa Lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un (récipient de) cristal et celui-ci ressemble à un astre de grand éclat; son combustible vient d’un arbre béni: un olivier ni oriental ni occidental dont l’huile semble éclairer sans même que le feu ne la touche. Lumière sur Lumière. Allah guide vers Sa Lumière qui Il veut. Allah propose aux hommes des paraboles et Allah est Omniscient. » [s24.v35]

« Le Vrai –jalla jalâluh- dit : "Allâh est la Lumière des cieux et de la terre" c’est-à-dire qu’il pourvoit en Lumière ses habitants : la Lumières de l’Islam pour les gens de l’Islam, la Lumière de l’Iman pour les gens de l’Iman et la Lumière de l’Ihsan pour les gens de l’Ihsan. La Lumière est donc ce qui dévoile la réalité des choses et de ce qui les constitue, d’un point de vue matériel comme immatériel, comme le prouvent ces mots : "Allâh guide vers Sa Lumière qui Il veut". Par conséquent, si par cette Lumière nous sont dévoilés les règles de la servitude, c’est-à-dire les actions obligatoires et apparentes des serviteurs, on appelle cette Lumière Lumière de l’Islam. Si la Lumière nous dévoile des descriptions de l’Essence Suprême et leurs caractères de perfection, via une preuve indiscutable (burhân), on appelle cette Lumière Lumière de l’Iman. Et enfin si la Lumière nous dévoile de la Réalité de l’Essence divine et de Ses Secrets, via la vision par les yeux (‘ayân), on appelle cette Lumière Lumière de l’Ihsan.
La première ressemble à la lumière des étoiles, la seconde à celle de la lune et enfin la troisième à celle du soleil. C’est pour cette raison que les soufis parlent des "étoiles de l’Islam, lune de l’Iman et soleil de la Connaissance ésotérique (‘irfân) ".

Puis Allâh donna un exemple comparatif de cette Lumière, au moment où elle est projetée dans le cœur du croyant. Il dit : "un exemple de Sa Lumière" c’est-à-dire de Son Attribut de Lumière étonnante, dans le cœur du croyant (comme on le retrouve dans la lecture de ibn Mas’oûd) 
"est semblable à une niche", la niche désignant le trou prévu dans le mur, qui n’est pas une fenêtre, qui sert à concentrer les rayons de la lampe que l’on place à l’intérieur et qui de ce fait devient plus lumineuse  
"une niche dans laquelle se trouve une lampe" : un astre énorme et perçant.  
"La lampe est dans un cristal" : dans un récipient de cristal pur et luisant 
"le cristal" est tellement pur qu’il "ressemble à un astre de grand éclat (ka’annaha kawkabun durriy)" en prononçant "durriy" cela fait référence à la surabondance de sa luminosité et de sa pureté / en prononçant "ka’annaha kawkabun dirrih", comme c’est le cas dans la lecture de Abou ‘Amr, cela veut dire que cet astre repousse et refoule les ténèbres par son grand éclat. / en prononçant "ka’annaha kawkabun durriyh", comme c’est le cas dans les lectures de Abou Bakr et Hamza, c’est pour comparer cet astre de grand éclat à l’une des planètes qui brillent le plus (cad les planètes de notre système solaire) telles que Jupiter, Vénus ou d’autres… […] 

"son combustible provient d’un arbre" c’est-à-dire de l’huile produite par l’olivier, "un arbre béni" aux nombreux bienfaits, étant donné qu’il s’agit là d’un arbre connu pour pousser sur les terres bénies pour les univers : la région du châm. Ces terres furent bénies par la présence de soixante-dix Prophètes, et parmi eux sayiduna Ibrahim (‘alayhi s-salâm). "ni oriental, ni occidental" c’est-à-dire un arbre qui n’est pas uniquement oriental, et qui donc ne profite pas des rayons du soleil qu’au moment de son lever… et qui n’est pas non plus exclusivement occidental, auquel cas les rayons du soleil ne l’atteindraient qu’au moment de son coucher… Plutôt, il s’agit d’un arbre à la fois oriental et occidental, qui reçoit les rayons du soleil au matin comme au soir, ce qui rend meilleure la qualité de ses olives.
"son huile semble éclairer sans même que le feu ne la touche" son huile est tellement pure qu’elle semble éclairer par elle-même, sans que le feu n’ait besoin de la toucher.

"Lumière sur Lumière", c’est-à-dire la Lumière de la lampe venant s’ajouter à la Lumière de l’huile pure : c’est là l’exemple de la Lumière que Allâh projette dans le cœur du croyant. La niche représente sa poitrine, la lampe est la Lumière soit de l’Imân, soit de l’Islâm, soit de l’Ihsân, comme nous l’avons vu plus haut. Le cristal est le cœur purifié : c’est pourquoi il fut comparé à un astre de grand éclat. Quant à l’huile, il s’agit de la Science bénéfique qui renforce la foi, raison pour laquelle elle fut décrite en des termes relevant son éclat et sa pureté : il s’en faut de peu que celui qui détient cette huile ne voie se lever en lui les Lumières de la Réalité ésotérique (Haqîqa), sans que sa Science ne le touche.
"Lumière sur Lumière" c’est-à-dire la Lumière de l’Imân ajoutée à celle de l’Islâm, ou bien la Lumière de l’Ihsân ajoutée à celle de l’Imân et de l’Islâm.

"Allâh guide vers Sa Lumière qui Il veut" d’entre Ses serviteurs, soit par inspiration (ilhâm) soit par l’intermédiaire d’un apprentissage. En ceci se trouve une indication claire du fait que cette guidée n’est que par Sa Volonté, et donc que les causes ne sont en cela d’aucune utilité.
"Et Allâh donne des exemples aux gens" des exemples afin qu’ils comprennent, des explications éclairant les intellects sous forme d’exemples physiques et concrets.
"Et Allâh est Savant de toute chose" que cette chose soit appréhensible par l’intellect ou bien par les sens : Il met ainsi donc en évidence les choses par l’intermédiaire desquelles il est possible d’apprendre.
Et Allâh –ta’ala- est plus Savant.

Indications ésotériques:
Sache que l’univers tout entier, depuis ce qui s’y trouve de plus élevé jusqu’à ce qui s’y trouve de plus bas, n’est qu’une part de la Lumière du Vrai, un Secret d’entre les Secrets de Son Essence, et qu’il s’agit de ce qu’on appelle le Moulk. Sa partie occultée est appelée le Malakoûte et elle jaillit de l’océan du Jabaroûte. Allâh est donc la Lumière de toutes les créatures, Il est leur Secret, et c’est par Lui que chacune d’entre elle persiste. Mais ne comprennent cela que les gens ayant réalisé le fana’ (annihilation en Allâh) d’entre les Connaissant par Allâh… quant à ceux qui n’ont pas encore atteint leur degré, ils doivent observer vis-à-vis d’eux l’état de résignation, lorsque ces derniers font allusion aux sens profonds et à l’expérimentation du goût et du dévoilement. 

Puis, le Vrai –ta’ala- donne un exemple de Sa Lumière jaillissant de l’océan de Son Jabaroûte et dit :  
"un exemple de Sa Lumière" apparente, Sa Lumière par laquelle Il Se manifeste dans le monde de la contemplation, 
"est semblable à une niche dans laquelle se trouve une lampe" : semblable à une énergie issue de l’océan de la grâce subtile trésorielle (al-latâfa al-kanziya), de laquelle sortit une Lumière épaisse telle que celle d’une lampe. L’univers tout entier n’est donc qu’une lampe allumée, une explosion de la Lumière de la Lumière, et c’est de cette lampe que sont issues toutes les créatures. Il s’agit donc d’une Lumière jaillissant de l’océan de Sa Lumière subtile.
Le Vrai –ta’ala- décrit ensuite cette lampe et dit : "la lampe est dans un cristal, et ce cristal est semblable à un astre de grand éclat"
Puis Allâh –ta’ala- dit : "sans que le feu ne la touche". Il fut dit que cela se référait au fait que le Serviteur (‘abd), lorsqu’il accède à cet état, se passe de recevoir cette Lumière de tout autre que le Seigneur tout-puissant Lui-même. Le Serviteur se passe alors de tout intermédiaire.

"Lumière sur Lumière" c’est-à-dire la Lumière de Son Malakoûte superposée à la Lumière de Son Jabaroûte.
"Allâh guide vers Sa Lumière" c’est-à-dire vers la contemplation de Sa Lumière, ou bien vers la Connaissance de Sa Lumière
"qui Il veut" parmi les élus d’entre Ses bien-aimés, tels que les Prophètes ou les Saints. Celui donc qui ne voit pas cette Lumière et qui n’accède pas à Sa Connaissance : celui-là ne jouit auprès de Lui d’absolument aucune particularité, par laquelle il se distinguerait des gens du commun. Celui-là fait simplement partie du groupe commun des gens de la droite, quand bien même il serait doté d’une science immense… car la science n’est d’absolument aucune utilité lorsque les œuvres sont accomplies avec le voile. 
En ce sens on peut lire dans les Hikam : « Dans cet univers, la créature qui n’a pas reçu d’ouverture concernant les mondes de l’inconnu est prisonnière de ses propres limites physiques, enfermée dans la forme apparente de son être. » 
Et pour les gens de la vision par les yeux (‘ayân), celui qui est voilé de la vision des mondes est celui que vise l’exemple contraire, donné dans le verset suivant : 
« [Les actions des mécréants] sont encore semblables à des ténèbres sur une mer profonde: des vagues la recouvrent, [vagues] au dessus desquelles s’élèvent [d’autres] vagues, sur lesquelles il y a [d’épais] nuages. Ténèbres [entassées] les unes au-dessus des autres. Quand quelqu’un étend la main, il ne la distingue presque pas. Celui qu’Allah prive de lumière n’a aucune lumière. » [s24.v40]

On peut lire également dans les Hikam :
« L’univers tout entier est ténèbres, seule l’éclaire l’apparition en lui du Vrai. Celui donc qui verra l’univers sans Le contempler en lui, ou auprès de lui, ou avant lui, ou après lui, celui-là est dépourvu de toute Lumière : le soleil de la Connaissance est voilé pour lui par des nuages (que sont à ses yeux) les traces (de l’acte créateur). »
Chez les gens de la vision par les yeux (‘ayân), l’univers tout entier est Lumière, tandis que chez les gens qui demeurent voilés il n’est que ténèbres… et étant donné que l’univers les cerne de toutes parts, les ténèbres elles aussi les cernent de toutes parts. A propos de ce verset, al-Ghazâliy écrivit un ouvrage entier (michkât al-anwâr – le tabernacle des Lumières). Et dans ce livre, son discours nous mène à la conclusion que le sens du Nom divin "al-Noûr – la Lumière" renvoie à Celui par qui les choses sont établies, après leur apparition du néant.

C’est en ce sens que le poète entonne :
La Lumière fait apparaître ce que tu vois comme forme et image   ///   et c’est sans conteste par elle que les créatures apparaissent


[al-bahr al-madid fi tafsir al-Qor’an al-majid – ibn ‘Ajiba]




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