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بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين


Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari
–radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Vendredi 15 Août 2014


La Hadra Moussawiya (dixième cours):
Parler du ghayb


Nous poursuivons donc dans cette Hadra Moussawiya qui n’a de cesse de nous submerger de ses Sciences et de ses Secrets… En réalité, nous devons bien savoir que le Hadra Prophétiques ne prennent fin chez les cheminant que lorsque leur étude est véritablement goûtée, au travers des différents degrés de Lecture du Nom "Allâh"… Et nous n’omettons pas qu’il est bien évidemment impossible pour nous de les cerner totalement ni de leur accorder ce qu’elles méritent en terme d’attention et d’honneurs.

Et puisque, dans cette Lecture du Nom "Allâh", nous sommes arrivés à l’étude de l’Approche du Alif (masâs al-Alif), nous parlerons donc ici de ce degré spirituel au travers de la Hadra Moussawiya :
Le maqâm du Alif, considéré par la première Lecture (celle qui se réalise par le hâ’ ul-hawiya), est divisé en deux : une moitié élevée qui correspond à la Risâla (degré des Messagers), et l’autre moitié située en dessous et qui correspond à la Noubouwa (Prophétie). Entre ces deux parties se trouve l’isthme (barzakh) de la Wilaya (Sainteté), comme nous le montre ce schéma explicatif :


Le cheminant (sâlik) entre donc dans la Connaissance Suprême en réalisant la Lecture du Nom "Allâh" par la voie de la contemplation, selon l’enseignement de « Lis, par le Nom de ton Seigneur » (voir tafsir). Il commence par entrer par la porte du hâ’ al-hawiya, qui lui révèle le Secret de "Huwa". Puis le sâlik poursuit son avancement et s’élève, jusqu’à ce que lui apparaisse la réalité de son centre Muhammadien, et que se dévoile à lui le lâm al-ma'rifa. Il réalise ensuite l’annihilation en ce point central, jusqu’à ce que se manifeste en lui le lâm al-'ichq et qu’il soit honoré par la prosternation de l’Esprit, après l’accomplissement réalisé de la prosternation du cœur par le premier et le deuxième Secret. Il se voit alors débarrassé de toute force et de toute capacité à agir ou entreprendre, et ne voit plus en sa propre personne qu’un grand défaut. Il s’élève ensuite vers la station de la Jonction (wasl), qui est atteinte par la Lecture de cet espace "vide" situé entre le lâm al-'ichq et le Alif al-Fardâniy du Nom "Allâh"… Ceci se fait par dévoilement de la Beauté Sublime des Noms Divins, ainsi que par leur écriture spécifique (Talsam) dans le Malakoûte. Le Sâlik est ensuite contraint dans le maqâm de la Scission (fasl), où il ne se trouve plus rattaché à aucun Nom, ni à aucun signe ou indication divine, ni à aucun Attribut… il recherche alors au cœur de la Scission (fasl) jusqu’à ce que lui apparaisse une effluve de la Jonction (wasl). Il s’accroche alors à cette dernière afin de pouvoir entamer ce qu’on appelle l’approche du Alif (masâs al-Alif), par l’Isthme de la Sainteté (barzakh al-wilaya). C’est alors seulement qu’il commence à cheminer en Lui. Avant cela, tout son travail consistait en le fait de lutter contre les ténèbres de sa nafs, effaçant de son cœur les illusions apparentes de tout ce qui est contingent… Il apprend alors les ruses auxquelles Iblis à recours pour tromper les nafs et devient alors capable de s’en prémunir. Dans ce maqâm qui est le maqâm du Alif al-Mouqaddar, le Connaissant accède au Secret de l’expression des sens profonds et il devient en mesure de mettre des mots sur les Connaissances Suprêmes, d’une manière apparente et compréhensible par tous. Avant cela, son état oscille continuellement entre deux états : tantôt ce qu’il dit est juste, tantôt il se trompe.

Pour mieux comprendre ce paragraphe (très) condensé concernant la Lecture du Nom "Allâh" dans le Soufisme, se référer à l'article suivant:

Avant de maîtriser l’expression des sens profonds, lorsque le Sâlik parle de ce qui relève du domaine de l’inconnu (ghayb), cela demeure dans le cas de son auditoire quelque chose relevant du ghayb, parce que les gens n’ont pas tous reçu le dévoilement dont parle le Sâlik. Cela dit, lorsque ce dernier accède au maqâm de l’approche du Alif, il voit descendre dans son cœur les effluves prophétiques, conformément au Hadîth : « Les Savants sont les héritiers des Prophètes ». Les Savants par Allâh étant les récipients de la Science des Prophètes, leurs langues sont consacrées à la transmission de cet héritage, par la baraka de ce qui s’est établi dans leurs cœurs. Et ceux qui ont la capacité de rendre apparent les Sciences cachées, en les exprimant dans des images physiques et concrètes, ce sont les Prophètes (‘alayhim as-salâm). Ils viennent donc avec des Sciences nobles et élevées et les font descendre aux créatures, parlant alors et enseignant ces sciences en les traitant dans un sens apparent et compréhensible par tous. Chacun prend alors de ce Prophète selon sa capacité, selon son degré et son état spirituel, selon sa capacité à goûter aux sens profonds… 

Le Vrai dit, concernant cette manière de traiter des sujets cachés de manière apparente et compréhensible par tous : « Et nous n’avons envoyé de Messager qu’avec la langue de son peuple, afin de les éclairer » [s14.v4]. Les Compagnons saisissaient donc le sens des paroles Prophétiques, car elles leur étaient adressées dans une langue qu’ils comprenaient… mais la différence et l’étendue de la compréhension de chacun d’entre eux variait en fonction de la Lumière de la ma’rifa qui s’était établi dans leurs cœurs respectifs. C’est pour cette raison que le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) leur a dit : « Que celui qui est présent (témoin/châhid) transmette donc à l’absent ». La langue exprimant de manière apparente (dhâhir) est unique, mais il est des gens qui comprennent de ces paroles dans leur sens premier, qui concerne donc le devoir de transmettre les paroles entendues de la bouche du Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam)… tandis que d’autres comprennent et tiennent bien en compte ce sens premier, mais lui ajoutent le fait que le mot témoin (châhid) veut dire, dans la langue que comprennent les privilégiés : « Ô vous qui avez traversé la Jonction (wasl) et la Scission (fasl)* et qui vous êtes réunis au Alif Muhammadien, où vous êtes devenus témoins (châhid) de ce qui est caché aux yeux des autres : transmettez leur, afin que eux aussi puissent rejoindre les gens de la contemplation. »

Ces Compagnons (radiAllâhu ‘anhum) sont les points centraux, ils sont l’Étoile de l’héritage du Soleil de la Prophétie, et ils furent Compagnons par la connaissance et par la compréhension. Ils perçurent du Alif al-Mouqaddar ce qu’ils perçurent, et c’est ainsi qu’ils transmirent ce qui demeurait caché. De même, toute personne accédant à ce degré de la Sainteté, au milieu de sa communauté, et qui reçoit la Permission (idhn) d’exprimer ce qui lui aura été dévoilé, celui-là est tout autant concerné par le Hadîth précité.

Les Messagers faisaient ainsi très attention, lorsqu’ils prêchaient leurs peuples, afin que chacun puisse comprendre leur parole selon son degré de compréhension… sachant bien que les privilégiés comprenaient le sens au moindre geste ou signe de leur part. Ne sais-tu donc pas que lorsque le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) répartissait le butin des batailles, il le faisait selon ce qui s’était établi dans les cœurs de chacun de ses Compagnons en termes de Science, de Connaissance divine, d’Amour et de soumission… il donnait ainsi aux gens du commun, et privait ceux qui avaient été privilégiés par la Lumière et ses trésors. Il donnait donc aux premiers pour adoucir leurs cœurs, de peur pour eux qu’ils ne soient jetés en Enfer s’ils venaient à manquer à la bienséance qui sied à la présence Prophétique, que ce soit dans le domaine apparent (dhâhir) comme caché (bâtin). C’est la raison pour laquelle il donnait moins aux Sincères, aux Ansâr et aux Mouhâjirin qu’il ne donnait aux autres. 

En ce qui concerne la Science, il parlait de manière à se faire comprendre de tous, et descendait jusqu’au cœur de chacun d’entre eux en y apportant des Sciences énormes, c’est pourquoi ses Compagnons devancèrent tous les autres en matière de connaissance et de compréhension, qu’Allâh les agrée tous.

Ici nous sommes ébahis et émerveillés : comment en une seule et même phrase, composée qui plus est de peu de mots, le seigneur des Prophètes et des Messagers (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) pouvait-il faire goûter à ses Compagnons toutes ces Sciences et tous ces enseignements, comme s’ils se trouvaient tous pliés et réunis en quelques syllabes… Les Compagnons étaient ceux qui avaient le privilège de goûter et de savourer les Sciences enfouies dans ces mots. Ils percevaient les sens profonds de chaque mouvement, de chaque mot et de chaque indication issue de la Présence Prophétique, mais ils sont même allés plus loin encore… A titre d’exemple, sayiduna ‘AbdAllâh ibn ‘Omar (radiAllâhu ‘anhu) faisait faire à son chameau deux tours à l’endroit où il avait vu le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) faire de même.

-Dans la Voie d’Allâh, il y a des cheminant qui, lorsque le Vrai leur fait largesse de bienfaits apparents, ils se réjouissent… et lorsque ces bienfaits diminuent, ils s’affligent. D’autres font preuve de manque de bienséance (adab) en leur for intérieur vis-à-vis du Vrai, lorsqu’ils constatent que ce bas monde leur tourne le dos pour s’offrir à d’autre qu’eux-mêmes… C’est la raison pour laquelle nous te disons que la Voie est destinée à la guérison intérieure, et qu’elle te fournit la subsistance qui demeure éternellement… Ne prête donc aucune attention à autre chose que ton objectif.

-Dans la Voie d’Allâh, le Shaykh éducateur parle la même langue pour tous et de sorte à ce que tout le monde entende et comprenne… mais chacun puise de lui selon sa capacité et selon son degré de réalisation dans la Lumière divine. Avant de parler, le Shaykh fait descendre dans les cœurs de ses disciples le sens de ses paroles, par l’intermédiaire de visions, d’indications ou de gestes spécifiques… et les personnes prédisposées à cela captent ces expressions subtiles.

-Dans la Voie d’Allâh, le ‘Arif n’est véritablement ‘Arif qu’à partir du moment où il comprend les Sens précieux émanant de tous les moindres faits et gestes Prophétiques… mais n’accède à cela qu’une personne privilégiée et dont le cœur aura établi un lien direct avec celui de son Shaykh… au point que se manifeste dans le miroir de son cœur ce qui fut gravé dans celui de son Shaykh.
 
 

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